1 août 2015

Londres 1940



David Low, Evening Standard, 24 septembre 1940



Dimanche 20 octobre (1940)
Pour le reste, rien que des briques et des éclats de bois. Une porte vitrée de la maison voisine pendait. J’ai pu tout juste voir, encore debout, un pan de mur de mon studio. Autrement, rien que des décombres de l’endroit où tant de mes livres ont été écrits. L’air circulait librement là où nous nous sommes assis pendant tant de soirs, où nous avons reçu tant d’amis. L’hôtel n’a pas été touché. De là, je suis allée à Mecklemburgh Square, et revu de nouveau une litière de verre brisé, de fine poussière noire, de plâtre pulvérisé. Miss T., et Miss E. en pantalons, tabliers et marmottes, balayaient. J’ai remarqué que les mains de Miss T. tremblaient de la même façon que celles de Miss Perkins. Naturellement aussi aimables et accueillantes que possible. Conversations désinvolte, saccadée. Répétitions. Quel dommage que nous n’ayons pas reçu sa carte… pour nous épargner le choc… vraiment affreux… En haut, Miss P. réussit à caler pour nous un rayonnage de livres qui penchait. Le parquet de la salle à manger jonché de livres, de verre brisé et ainsi de suite. Dans le salon seulement, les vitres sont encore à peu près intactes, mais le vent soufflait à travers. J’ai commencé à chercher les cahiers de mon journal. Que peut-on bien emporter dans cette petite voiture ? Darwin et l’argenterie ? Quelques verres, quelques porcelaines.
[…]
Il y a une certaine exaltation à perdre ce que l’on possède, sauf qu’à certains moments, je voudrais mes livres, mes chaises, mes tapis, mes lits. J’avais tant travaillé pour les acquérir un par un.
Virginia Woolf, Journal d’un écrivain






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n°473

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