6 novembre 2012

La cote de Dada


Après Karl Arnold, au tour de George Grosz de donner un avis sur l’art et son marché.


George Grosz, Simplicissimus, 10 juillet 1932
Appréciation difficile : « Vous savez, madame, aujourd’hui nous devons juger une œuvre d’art juste selon trois points de vue : d’après sa valeur idéale, sa valeur illusoire et sa valeur de saisie !  »



« On n’avait encore jamais rien vu de comparable à cet “art” dada naissant. C’était l’art (et même, la philosophie) de la boîte à ordures. Le chef de cette “école” était une certain Schwitters, de Hanovre, qui collectionnait tout ce qui lui tombait sous la main — clous rouillés, vieux chiffons, brosses à dents sans poils, mégots, rayons de bicyclette, ou encore un morceau de parapluie cassé. Ces objets, il les récupérait dans les dépôts d’ordures et Dieu sait où… Tous les objets dont l’humanité se débarassait parce qu’ils étaient devenus inutilisables, Schwitters les collectionnait. Il disposait soigneusement ses petits tas d’ordures sur de vieilles planches ou des toiles, les collait ou les fixait avec du fil de fer ou de la ficelle, puis il exposait ses œuvres d’“art du déchet” (“Merz”), les mettant éventuellement à la vente. Nombre de critiques, pour ne pas être en reste, ne tarissait pas d’éloges pour cet “art” qui consistait à se payer la tête du public et qu’ils prenaient néanmoins fort au sérieux… Seul l’Allemand moyen, qui, lui, n’entendait rien à l’art, réagissait sainement en disant que les œuvres dada n’était qu’un fatras d’inepties, de camelote et d’ordures — toutes matières dont il était effectivement constitué… »

George Grosz, Un petit oui et un grand non (1946)

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