4 octobre 2012

Un héros peu convaincu


George Grosz, Jugend, 1927


George Grosz raconte dans ses mémoires qu’Alfred Fleschtstein, marchand et mécène, lui commanda le portrait d’un boxeur poids lourd prometteur, Max Schmeling, « arborant sa ceinture bleu de champion ».

Eduard Thöny, Simplicissimus, 1928


Max Schmeling (1905-2005) avait tout pour être le héros aryen mais il ne se soumit pas pour autant à l’idéologie nazie, non sans un certain courage quand il s’est agi de mettre à l’abri des persécutés, et aussi, semble-t-il, avec un certain art de l’esquive.
Il était devenu champion du monde en 1930 en battant Jack Sharkey, défendit une fois son titre contre Young Stribling avant de perdre contre Sharkey en 1932. De même que Mussolini avec Primo Carnera, le IIIe Reich voulut l’instrumentaliser encore plus après qu’il eut battu en 1936 par KO à la douzième reprise le tout jeune Joe Louis (http://www.youtube.com/watch?v=lihT_ewxVko), mais il fut défait deux ans plus tard, toujours au Yankee Stadium de New York, par KO, en deux minutes et quatre secondes (http://www.youtube.com/watch?v=6BLGdFQPh8c), par le même Joe Louis qui fut désigné comme le boxeur du siècle quarante ans plus tard. Les deux boxeurs devinrent de grands amis après la guerre, Schmeling soutenant Joe Louis, malade et ruiné.



Eduard Thöny, Simplicissimus, 1929

Eduard Thöny, Simplicissimus, 1929

Herbert Marxen, Simplicissimus, 1929

Th. Th. Heine, Simplicissimus, 1930

Olaf Gulbransson, Simplicissimus, 1930

Olaf Gulbransson, Simplicissimus, 1930

Wilhelm Schulz, Simplicissimus, 1930

Eduard Thöny, Simplicissimus, 1931

Olaf Gulbransson, Simplicissimus, 1933


Victor Klemperer, dans son journal Mes soldats de papier, écrit en date du 15 juin 1934 : « Depuis hier, je suis accablé par la rencontre d’Hitler et Mussolini à Venise. S’il remporte un succès de politique extérieure, il se maintiendra — Curieux : ce plaisir que j’ai d’apprendre aujourd’hui que le Californien Baer a remporté le championnat du monde de boxe contre le géant italien Carnera. Baer, qui a récemment battu Schmeling, est juif. Notre journal l’a descendu en flamme hier, donnant toutes les chances de victoire à l’Italien […]. »



Erich Schilling, Simplicissimus, 1936

Après un dernier dessin passablement antisémite, préalable à sa défaite contre Joe Louis, publié en 1937 et commis par Erich Schilling (foncièrement compromis, il se suicida en 1945), le Simplicissimus l’oublia. « Après cette défaite, je n’existais plus pour Hitler, mon nom avait disparu des journaux. » 


Erich Schilling, Simplicissimus, 1937

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