26 juillet 2012

Après que brûlent les livres


« Lorsque les nazis commencèrent à piller et à détruire les bibliothèques juives, le responsable de la bibliothèque Sholem-Aleichem à Biala Podlaska décida de sauver les livres et, jour après jour, lui et collègue en emportèrent autant qu’ils pouvaient en charrier, en dépit de sa conviction que très bientôt “il ne resterait pas un lecteur”. Deux semaines plus tard, le fonds avait déménagé en secret dans un grenier où le redécouvrit, longtemps après la fin de la guerre, l’historien Tuvia Borzykowski. À propos de l’action du bibliothécaire, Tuvia Borzykowski écrivait qu’elle avait été menée “sans même envisager l’éventualité que quelqu’un puisse un jour avoir besoin des livres sauvés” : c’était un acte de sauvetage de la mémoire en soi. L’univers, pensaient les anciens kabbalistes, ne dépend pas de notre lecture ; seulement de la possibilité que nous le lisions. »
Alberto Manguel, La bibliothèque, la nuit (Actes Sud)



Roman Vishniac, sa fille Mara devant la vitrine dAugust Steinhoff, Uhlandstraße 144, Wilmersdorf, Berlin, fin 1933



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