25 avril 2012

Petite Ophélia


Ophélia Queiroz (?), dessin de Paulo da Fonseca Rego, 1927

Le 26 septembre 1929, au lendemain de l’intervention insolente d’Álvaro de Campos, Fernando Pessoa, qui semble tout en ignorer, écrivit à Ophélia :

Petite Ophelia,
Je ne sais si vous m’aimez, mais c’est précisément pour cette raison que je vous écris.
Comme vous m’avez dit que demain vous ne vouliez pas me voir jusqu’au moment de nous retrouver à l’arrêt du tram, c’est-à-dire entre cinq heures et quart et cinq heures et demie, je me rendrai donc à cet endroit. Toutefois, dans la mesure où il se trouve que l’Ingénieur Álvaro de Campos doit m’accompagner pendant une grande partie de la journée, je ne sais s’il sera possible d’éviter la présence (par ailleurs agréable) de ce Monsieur au cours du trajet vers certaines fenêtres dont la couleur échappe à présent à mon souvenir.
Au demeurant, ce vieil ami dont je viens de parler a quelque chose à vous dire. Il se refuse à me dévoiler quoi que ce soit à ce propos, mais j’espère et je crois qu’en votre présence il lui sera possible de me dire, ou de vous dire, ou de nous dire de quoi il s’agit.
Jusque-là je resterai silencieux, attentif et confiant.
À demain, douce petite bouche.

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