23 février 2012

Bil Spira



Joseph Roth meurt le 27 mai 1939, au bout du rouleau, rongé par l’alccol.
Moins de trois mois plus tard, à la déclaration de guerre, la plupart de ses amis persécutés par les nazis, mais coupables d’être ressortissants allemands (dont les Autrichiens depuis l’Anschluss), sont internés par les Français comme suspects d’intelligence avec l’ennemi, membres de la « la 5e colonne », comme Bil Spira et Stefan Fingal.

Stefan Fingal au camp de Damigny en 1939

Dans son livre, Bil Spira, de Vienne-la-Rouge aux camps d’internement français (Éditions Tirésias), l’historienne Claude Bessone, avec le concours de Jean-Marie Winkler, décrit le parcours de Spira que je vais résumer ici.
Autrichien, Viennois, Juif, social-démocrate, né en 1913, dessinateur pour l’Arbeiter Zeitung, particulièrement clairvoyant sur « le retour dans l’obscurantisme (qui) se double d’une nostalgie de la germanité idéalisée » écrit Jean-Marie Winkler, et dès 1932 « (Bil Spira) avait compris que le culte du chef, tel que le pratiquait Adolf Hitler, était susceptible d’attirer dans ses filets des ouvriers issus d’horizons politiques différents » (…) « électorat ouvrier déçu de la social-démocartie et désorienté à la suite de la crise économique ».

Arbeiter Zeitung du 20 août 1933

En 1934, l’Arbeiter Zeitung est interdit pas les austrofascistes de Dollfuss (l’autre cible privilégiée du journal et de Spira), chef de gouvernement autoritaire, nationaliste — et antinazi, qui fut bientôt assassiné par les nazis.
Spira émigre en France après l’Anschluss.
Il publie dans Le Rire.
En 1939 il est interné au stade Roland-Garros, dénommé « camp des indésirables », avant Damigny, Athis et Meslay-sur-Maine, il est libéré lors de l’exode de juin 1940, séjourne à Marseille où il fabrique des faux papiers pour Varian Fry, l’Américain qui aida tant de Juifs et d’antinazis à émigrer avec son Emergency Rescue Committee (Comité américain de secours). Arrêté sur dénonciation, il se retrouve au camp du Brébant près de Marseille, puis dans le plus terrible de tous, à Vernet-d’Ariège avant d’être déporté en Allemagne en septembre 1942, successivement dans les camps de travail de Laurahütte et de Blechshammer, et de survivre à la marche forcée lors de l’évacuation de Buchenwald en 1945.
Bil Spira s’installe définitivement en France où il meurt en 1999.


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