8 décembre 2011

Thomas Mann schriebt

Simplicissimus, 21 août 1932

Le 21 août 1932, depuis sa résidence de Nidden sur la côte balte, Thomas Mann écrit aussitôt une carte postale à Karl Arnold :
« Begeister vor der genialen Komik Ihres Kyffhäusen-Bildes im Letzen “Simplicissimus”, senden wir Ihnen herzlichen Gruß und Glückwunsch. Das Blatt müsste massenweise unter die Leute gebracht werden. »*



De retour à Münich, Karl Arnold lui répond le 26 septembre :
« Sehr verehrter Herr Mann !
Ich war längere Zeit auf Reisen und so komme ich erst heute dazu, Ihnen für Ihren liebenswürdigen Gruß zum Kyffhäuserbild zu danken und zu sagen, daß ich mich über Ihren Beifall sehr gefreut habe. — Der Karikaturenzeichner hat ja heute mehr Stoff als im wilhelminischen Zeitalter, aber leider benehmen sich die heutigen Wilhelme schon derartig fertig karikiert, daß es oft schwer ist, ihre Lächerlichkeit lächerlich zu machen. Glückt es aber, dann fühlt “die Masse” ihre heiligsten Güter verletzt und darum freut man sich, wenn man hier und da eine wertvolle Zustimmung bekommt. »**

Des élections législatives ont eu lieu quelques semaines plus tôt ont vu le parti nazi obtenir 37% des voix. Les SA sèment la terreur.



* Enthousiasmés par le génie comique de votre dessin “Kyffhaus” (sans doute une allusion à l’opéra Der Kyffhaus Berg de Henri Marschner, créé en 1816) du dernier “Simplicissimus”, recevez nos chaleureuses salutations et félicitations. Cette page devrait être massivement distribuée à tout le monde.

** Cher monsieur Mann !
J’ai été longtemps en voyage et je puis seulement aujourd’hui vous remercier de vos compliments à propos de mon dessin “Kyffhäuser” et vous dire combien vos applaudissements m’ont fait plaisir. — Le dessinateur a un rôle plus important encore aujourd'hui qu’à l’époque wilhelminienne, mais, hélas, les comportements caricaturés aujourd’hui l’ont déjà été du temps de Guillaume, c'est en général difficile de rendre ridicule leurs ridicules. Si toutefois on y réussit, alors qu’on se réjouit de recevoir ici et là de précieux soutiens, “la masse” sent ses biens les plus sacrés outragés.*

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire